vendredi 6 juin 2008

"Votre mère est juive ?"

Changement temporaire de ton – moins grave – et de cadrage de l’objectif – sur ma petite personne. Une petite personne, ma foi, fort universelle dans son apparence. Après avoir été pris successivement pour un Italien, un Espagnol, un Portugais, un Tunisien, un Egyptien, un Syrien, un Gitan et un Argentin, je peux, après quelques semaines passées au Proche-Orient, et sans surprise, agrapher deux nouvelles étiquettes sur mon tableau de fils du facteur (ou du plombier).
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Pour être honnête, la première d’entre elles, Israélien ou Juif, n’est pas inédite. J’y avais déjà eu droit en Amérique du Sud. Mais ici, elle m’est collée bien plus fréquemment et, parfois, avec nettement plus d’insistance. Exemple : il y a trois semaines, devant le Mur des Lamentations, un Juif ultra-orthodoxe, s’approche de moi et me demande si je suis juif.
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- Euh...non.
- Mais votre mère est juive ?
- Non.
- Et votre père ?
- Pas plus.
- Ah bon, j’aurais juré que vous étiez juif.

Quant aux nombre de fois où l’on m’a demandé si j’étais palestinien ou arabe, je ne les compte plus. A plusieurs reprises, des gens m’ont pris pour l’interprète du groupe. Mais pas longtemps. Et pour la parenthèse, on m’appelle Jamal ici ; Jean-Marie est bien trop compliqué à prononcer.

Jusqu'à à présent, j’ai eu une chance incroyable ; c’est toujours des Israéliens qui m’ont pris pour un des leurs et des Palestiniens qui ont pensé que j’étais Palestinien. Jamais le contraire. C’est à la fois pratique quand je veux passer rapidement un check-point et rassurant quand, à Hébron, je rentre à pied à la maison en fin de journée.

Je me suis demandé comment pouvait s’expliquer ce phénomène. Je me suis dit, dans un premier temps, que le fait de me raser chaque fois avant d’aller à Jérusalem, où je rencontre bien plus d’Israéliens, pouvait jouer un rôle. Mais j’ai fini par abandonner cette explication bien légère. Sans en trouver une autre. Ou peut-être que si. Sous la forme d’une question : quelle est la probabilité qu’un Israélien engage la conversation avec un Palestinien (et vice-versa) ?

Après une première expérience rasage difficile dans H1, je suis allé tenter le coup dans H2. Chez Hani. Il ne parle pas l'anglais, a beaucoup de clients (il m'a fallu patienter plus d'une heure), est très fervent (quand ce fut mon tour, il est parti prié à la mosquée d'à côté) et fume comme un pompier. Eh bien, j'y suis déjà retourné deux fois chez Hani. Pourquoi? Parce qu'il prend le plus grand soin de mon visage (zéro coupure) et, surtout, car on arrête pas de rigoler.

9 commentaires:

Erika a dit…

Dear Jeam-Marie

I read your blog. Well done! I thought, oh, I know this. I suddenly remembered all the good and bad moments I experianced in Hebron. Coming home is not easy but it is getting better. Take goog care and say hello to Johannes, Linda and Katharina. Yours Erika

Jean-Marie Pellaux a dit…

Shukran for your comment and your mail (I´ll try to answer soon...but you know it is). I am sicher Luzern isch e rli different from Hebron. Team 27 send you their best regard.

Unknown a dit…

Salut!
BRAVO! c'est tout simplement du sacré bon boulot! Parfois, il nous manque tellement les mots justes pour raconter une histoire ou tout simplement dire ce qu'on pense. Et pourtant, ton écriture est remarquable, poignante et juste!

d'où que tu viennes, cher Jamal, merci de nous faire partager ton aventure!
moyli

Ipodfan a dit…

C'est quand même bien pratique parfois de passer pour un des leurs, n'est-ce pas ? Et dire qu'en te voyant bébé, on m'avait déjà demandé à moi la maman, si nous avions des parents grecs ou espagnols. Décidément, tu auras toujours eu l'air d'autre chose que tu n'es, mon cher Jamal et c'est très bien comme ça.

Unknown a dit…

Ah le Pellaux, un véritable caméléon! Allez avec lui sur le théâtre d'hostilités, vous passerez inaperçus en raison de son camouflage intégré! Ceux qui ont la mémoire longue et qui ont l'occasion de te connaitre depuis longtemps ne seront pas surpris par les assimilations identitaires acharnées dont tu fais l'objet de part et d'autre. Il suffit de se rappeler tes premiers pas au Carnaval de Morat il y a près de dix ans...
A part les plaisanteries, la situation sur place apparait dramatique et désespérément arbitraire...
Courage!

José a dit…

Et bien au moins tu rentreras pas avec une tête de Moudjahid! C'est cool comme nom jamal(dabouze...),ca me rappelle un de mes films preferés:à la rencontre de forester où l'acteur principal(en exceptant william forester) s'appelle jamal wallace.Mais t'es bon pour te faire appelé comme ça un moment en suisse aussi! Tu seras plus assorti à Moylin au niveau de l'exotisme du prénom! M. et Mme audos ont un fils,comment s'appelle-t-il? Jamal. A+ pour un sugus

José a dit…

Fais gaffe pas devenir schizo et finir par te taper toi-même(ton côté juif vs arabe),garde ton casque au cas ou....venant de Morat,tu as l'habitude de lutter sur 2 fronts(français-allemand),no soucis donc

Jean-Marie Pellaux a dit…

Je constate que les articles plus légers se prêtent plus aux commentaires. Je le comprends parfaitement..quand une famille nous raconte ses malheurs, on reste souvent sans voix.
A part ça :
•merci Moyli
•Grec...je n’y avais pas encore eu droit
•Vincent, il faut que tu me rafraîchisses la mémoire…quel était mon déguisement il y a dix ans ?
•Dramatique et arbitraire : deux adjectifs qui, malheureusement, collent parfaitement à la situation
•José, je pense que, dans le coin, tu te ferais appeler Youssef. Cela te convient ?

marwa a dit…

hi jamal
it is very nice blog
Idont understand any thing because it not in english
the pictures very beauitful
Ilike it so much
countiune and Iwill see it
your friend
Marwa