jeudi 12 juin 2008

Israël, les colons et la loi

Israël est responsable d’assurer la sécurité de la population vivant en Cisjordanie. Aussi bien le droit international que la Cour Suprême israélienne l’affirment. Toutefois, en lisant un solide rapport publié en 2006 par Yesh Din, une organisation pacifiste israélienne, force est de constater que l’Etat hébreux ne prend guère ses responsabilités.

D’une part, les soldats ne s’interposent que rarement lors d’agressions perpétrées par des colons. Quant à la police, qui ne se déplace pas systématiquement, elle met généralement beaucoup de temps à arriver sur les lieux du crime. A noter qu’un tiers des policiers vit dans des colonies.

D’autre part, ceux qui choisissent de déposer plainte font face à de nombreux obstacles administratifs. Bien des postes de police se trouvent à l’intérieur même des colonies, un endroit difficilement accessible pour les Palestiniens. La déposition est généralement rédigée en hébreux ; la victime n’a donc pas les moyens de contrôler si ses déclarations ont été correctement enregistrées. Il faut également faire fi de la crainte des représailles qui accompagnent certains dépôts de plaintes. Représailles orchestrées par les forces de l’ordre ou par les colons et qui, dans ce deuxième cas, peuvent prendre la forme d’un passage à tabac. Ainsi, beaucoup de Palestiniens rechignent à déposer plainte.

Et lorsqu’ils le font, ils ne peuvent guère compter sur une investigation menée en bonne et due forme. Elle est le plus souvent bâclée. Les alibis des agresseurs ne sont pas vérifiés, les témoins ne sont pas entendus. Un policier venu photographier une structure construite par les colons sur une propriété palestinienne n'a pas pu le faire; la carte mémoire de son appareil photo était pleine! Il arrive également que des dossiers soient carrément perdus.
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Femme palestinienne attaquée par deux colons (photo AFP)

Les enquêteurs de Yesh Din ont pu constater que 90% des dossiers qui sont ouverts suite à une agression commise par un colon sont refermés sans que l’auteur du crime n’ait à répondre de ses actes devant la justice. Pour les 10% restants, la condamnation est rarement lourde. En 2001, un colon, qui avait battu à mort un Palestinien de 11 ans avec la crosse de son fusil, a été condamné à six mois de travaux communautaires et 70'ooo shekels d'amende (21'8oo FS). Les juges ont estimé qu 'ils s'agissait d'un homicide par négligence..

Yesh Din en conclut que, sans encourager ces attaques, Israël les favorise.

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