samedi 31 mai 2008

A l'écoute des soldats de Tsahal

En l’espace de trois jours, j’ai eu l’occasion de discuter à deux reprises avec des soldats. Le premier, M., 20 ans, est commandant d’une unité et contrôlait les entrées et sorties au checkpoint emprunté par les enfants allant à l’école. C’est lui qui a engagé la conversation ; il voulait connaître la raison de ma présence en ce bon matin. «Je tiens à m’assurer que tout se passe bien pour les enfants». Il m’a attentivement écouté. Après m’avoir posé d’autres questions, il m’a confié que, s’il en avait le pouvoir, il ferait évacuer tous les colons de Hébron. Il sait que ces derniers ne l’aiment pas, certains le haïssent même, mais ils sont obligés de l’accepter vu qu’il garantit leur sécurité. Surpris pas ses paroles, je lui ai demandé pourquoi il n’avait pas refusé de faire son service.

- Je pense qu’il est plus facile de faire évoluer la situation de l’intérieur que de l’extérieur.
- Et comment t’y prends-tu pour faire évoluer la situation?

- Je remets mes soldats à l’ordre quand ils ne se comportent pas correctement. Je pousse de sérieux coups de gueule parfois ».

M. doit rester cinq mois et demi à Hébron. De ses trois ans de service obligatoire (les femmes en font deux), il en a déjà fait la moitié. Lorsqu’il aura terminé, il pense faire des études « dans le social » et travailler avec des enfants. A noter que pendant tout le temps de la conversation, aucun
écolier n'a vu son sac être fouillé.

Tout baigne, ou presque, au checkpoint.

Quelques jours plus tard, Johannes et moi sommes tombé sur R., 19 ans, un soldat ne parlant pas très bien l’anglais et armé jusqu’aux dents. Il était en service à un checkpoint contrôlant les habitants d’un quartier palestinien qui veulent traverser une route réservée aux colons. Nous allions en sens inverse, en direction du quartier palestinien. R. nous l’a fortement déconseillé : « Vous allez vous faire attaquer par des Arabes ». Johannes a voulu le convaincre qu’il se trompait. Moi, dictaphone enclenché, j’ai joué au naïf pour découvrir le fond de son raisonnement. J’ai été récompensé.

- Le problème, ce n’est pas les colons, c’est les Arabes. Des terroristes, pour la plupart.
- Il y a souvent des attentats par ici ?
- Non. On arrête les terroristes avant qu’ils passent à l’action. Moi, j’en ai attrapé deux qui se cachaient.
- Il y a sacrément de l’action à Hébron. Les soldats doivent aimer être en service ici, non ?
- Ouais, mais ils préfèrent être à Gaza. Là-bas, on peut tuer les terroristes. Ici, c’est plus difficile.

R. va rester cinq mois à Hébron. Une fois son service terminé, il veut faire des études commerciales.

2 commentaires:

Stephane a dit…

Merci pour tes témoignages!!! ...je me permets d'ajouter la morale de ton histoire.
C'est la même chose dans tous les pays, sur tous les continents... partout où il y a des hommes (et le constat est le même pour les animaux), il y a des cons... et partout il y a des gens bons.

...et chapeau pour la réflexion du premier militaire... c'est une bonne façon de penser.

Stephane a dit…

Pour compléter mon commentaire concernant l'idée du premier soldat:
"Je pense qu’il est plus facile de faire évoluer la situation de l’intérieur que de l’extérieur."

Tu voudrais pas rejoindre l'armée israélienne??? he he...ok... ça fait pas vraiment de sens.