vendredi 23 mai 2008

Jouer sous la pluie



Jeudi, 18h10: l’entraînement de foot avec les jeunes Palestiniens de la vieille ville bat son plein. Sur le terrain de fortune situé à quelques encablures du souk, ils sont une dizaine à avoir répondu présent à ce deuxième rendez-vous hebdomadaire. Alors que Ahmed s’élance pour tirer un coup franc (injustifié selon Mahmoud), une pluie de cailloux s’abat sur nous. Tous les petits se mettent rapidement à l’abri sous les avant-toits des magasins. Plus qu’une réaction, c’est un réflexe. Aux deux EA que nous sommes, il faudra quelques secondes de plus pour se ranger. Personne n’est blessé mais vu la taille des pierres – on est plus près du pavé que du gravier – nous ne sommes pas passés loin de l’accident. Coup de fil à la police :

L’agent : « Est-ce un Palestinien qui a lancé les pierres ?»
Moi : « Non ».
L’agent : « Est-ce un Palestinien ? ».
Moi : « Non ».
L’agent : En êtes-vous certain ? ».
Moi : « Oui ».
L’agent : « Comment pouvez-vous en être certain ? ».
Moi : « Les pierres ont été lancées depuis Suhada Street. Les Palestiniens n’ont pas le droit d’emprunter cette rue ».
L’agent : « Ok. On envoie une patrouille ».

La patrouille n’est jamais venue. Nous avons repris le jeu quelques minutes plus tard. 18h40 : de nouvelles pierres tombent sur le terrain. Pas plus de blessé. On respire. Puis on rappelle la police. Conversation identique, résultat similaire. L’entraînement terminé, nous décidons donc d’aller au poste de police, déterminés mais sans trop d’illusions, pour déposer plainte. Entrés au poste comme victimes, on en ressortira pour ainsi dire comme accusés. Accusés de déranger la police pour rien du tout.


Il arrive que le ballon passe sous la barrière et se retrouve dans les barbelés. Un balai, de la patience, un dévoué et le tour est joué.

Pour la petite histoire, il est arrivé exactement la même chose lors du précédent entraînement (mais sans le dépôt de la plainte). Jouer au foot à Hébron relève souvent plus de la résistance que du sport. Enfin, pas pour les petits ; ils ont bien trop l’habitude d’être la cible des colons.






Vue aérienne d'une partie du terrain de jeu. Derrière le but, un no man's land puis Suhada Street, d'où ont été lancées les pierres.

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