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Début du 18e siècle, des Palestiniens qui ne roulent pas sur l'or quittent leur village natal, s’achètent du terrain dans les collines au sud d’Hébron et s´y installent. Habitant dans des caves naturelles, vivant de la culture d’un sol pauvre et de l’entretien de leur bétail, ces familles développent au fil des générations un mode de vie unique (et dont l’étude fait le bonheur des anthropologues). Ainsi, pendant plus d’une centaine d’années, la vie des habitants de Susiya a tout d'un long fleuve tranquille (au vu l’aridité des terres, il serait plus judicieux de parler d’un ruisselet).
Tout bascule en 1983, lorsque des colons israéliens viennent s’installer dans le coin, plus précisément à deux kilomètres d’un site archéologique où a notamment été découvert une ancienne synagogue. En 1986, les nouveaux arrivants voient leur vœu exaucé : les familles palestiniennes dont ils sont devenus les voisins sont expulsées. Mais la plupart d’entre elles reviennent s’installer à 500 mètres de la colonie. Bien trop près pour les colons juifs ; une nuit de 1990, les Palestiniens sont contraints, par des soldats de Tsahal, de monter dans des camions et sont déchargés 15 kilomètres plus loin.
Les familles se retrouvent ventilées un peu partout mais certaines d’entre elles trouvent les moyens de revenir à Susiya et de se remettre au travail. Pendant ce temps, les colons grignotent et confisquent du terrain. Ils se montrent de plus en plus violents. La tension monte. En 1991, trois Palestiniens sont assassinés. En 1997, les familles sont expulsées pour la troisième fois. En 2001, c’est un colon qui est tué. Les habitants de Susiya qui rejettent toute responsabilité dans cette affaire et dont la culpabilité n’a jamais pu être prouvée, sont agressés, des oliviers sont abattus, une partie de leur bétail disparaît, leurs caves sont détruites et leurs puits bouchés.
La même année, la Haute Cour de justice israélienne juge l’expulsion des Palestiniens illégale et les autorise à revenir sur leurs terres. Mais les soldats ne l’entendent pas de cette oreille et les empêchent de se réinstaller. Certains y parviennent tout de même mais sont immédiatement chassés. Expulsion numéro 4.
N'ayant pas accès au réseau électrique auquel est relié la colonie voisine, la famille Nawajah peut compter depuis peu sur des panneaux solaires et une éolienne installés par une organisation israélienne.
Comme annoncé, article touffu. Beaucoup de faits présentés, et pourtant, je m’en suis tenu qu'aux plus importants. La confiscation des ressources hydrauliques, le blocage des accès routiers, le harcèlement des soldats,…ce sera pour une autre fois.