C'est l'association israélienne Gisha, en collaboration avec le responsable animation du film "Valse avec Bashir", qui a monté ce petit dessin animé sur la situation des habitants de Gaza. Plus d'infos sur: http://www.peacewatch.ch/public/frameset.aspx?lang=FR&cat=1
jeudi 12 mars 2009
vendredi 21 novembre 2008
C'est l'histoire d'un âne
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mardi 19 août 2008
Le retour de Jamal
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samedi 26 juillet 2008
Des grands-mamans face aux soldats
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Elle s’est assise dans un fauteuil en face moi ; j’avais pris place sur le canapé. Dans le coin. Intimidé le bonhomme ? Pas qu’un peu. Intimidé par la détermination, le dévouement, l’intransigeance, le charisme du personnage. Mais aussi par son passé. Si Hanna Barag fait aujourd’hui partie des militants les plus acharnés contre l’occupation, elle fut – il y a plus de quarante ans – la secrétaire du Premier Ministre David Ben Gourion et du Chef d’Etat major Moshe Dayan. Une période de sa vie qu'elle n'a pas jugé pertinent d'aborder pendant l'entretien. En d'autres termes, je me suis fait remballer propre en ordre.
Pendant l’entretien, son téléphone a sonné quatre fois – des Palestiniens qui demandaient de l’aide. Elle a chaque fois repris la conversation exactement là où elle l’avait laissée. Pas eu besoin de la relancer. Nul besoin non plus de lui poser beaucoup de questions ; elle a parlé pendant deux heures sans discontinuer.
Quelques courts et décousus extraits de l'entretien
« L’aventure Machsom Watch a débuté en décembre 2001 pour moi. Avant cela, je n’étais pas, pour des raisons personnelles, engagée politiquement. Arrivée à la retraite, j’ai cherché un travail temporaire. Je suis tombée sur une femme qui m’a proposé de l’accompagner lors de son prochain déplacement au check point de Qalandiya. J’y suis allée et en suis revenue choquée par ce que j’avais vu. J’ai décidé de renouveler l’expérience le week-end suivant. Tombée malade – certainement une réaction de mon corps à ce que j’avais vu et allais voir – j’ai dû patienter deux semaines avant de retourner jouer le rôle d’observatrice. Au « Container » check point cette fois-ci. Un check-point situé à une dizaine de kilomètres à l’Est de Jérusalem, au sommet d’une route très pentue. Ce jour-là, il neigeait, pleuvait, soufflait ; des conditions terribles et un spectacle surréaliste. Une attente interminable pour des Palestiniens humiliés, insultés, parfois frappés par les soldats. Un vieillard qui, quittant certainement Jérusalem pour aller passer les fêtes de fin d’année avec sa famille, a été contraint de passer le check point à pied en portant une grosse valise. Dans la descente, il a chuté et glissé sur plusieurs dizaines de mètres pendant que sa valise dévalait la pente en roulant. Il est venu s’écraser contre des gens qui attendaient de pouvoir quitter les lieux en taxi. Ce fut pour moi un tournant. Jusque là, je ne comprenais pas vraiment ce que représentait l’occupation. J’étais bien plus naïve que je ne le suis maintenant ».
Aujourd’hui, elle assure chaque dimanche une présence à un check point ; à Huwara le plus souvent. De plus, elle essaie de se rendre à chacun des check points situé en Cisjordanie au moins une fois dans l'année. « Car, quand un Palestinien m’appelle et me parle avec le peu d’hébreu qu’il connaît, je dois être en mesure de deviner où il se trouve ». Quand je lui demande combien de coups de téléphone elle reçoit chaque jour, elle me dit qu’elle vient de faire des statistiques et, sans hésiter, m’annonce : « 872 coups de fil depuis le début de l’année. Dont 99,5% de Palestiniens ».
«Je suis fière d'être israélienne»
« A partir du moment où je vote, je suis responsable. D’autant plus responsable qu’en 1967, je faisais partie de ceux qui criaient de joie. J’ai été prise dans l’euphorie collective. (…) Je suis sioniste, je suis fière d’être israélienne, j’aime mon pays, ma langue, ma terre. Et j’estime, que notre Etat, l’Etat juif a le droit à l’existence. Mais dans les frontières de 1967. Pour moi, le vrai sionisme, c’est de lutter pour la paix, pour une solution pacifique. Et contre l’occupation. (...) J’estime qu'il est de mon devoir de dire aux Israéliens que leurs enfants font quelque chose d’immoral ».
« Entre les soldats le mot se passe»
Par les soldats israéliens, elle se dit considérée comme une « traître ». « Pour eux, on apprend aux Palestiniens à tricher ». Elle se sait mal perçue mais elle estime néanmoins avoir un « extraordinaire (tremendous) pouvoir » sur eux. « Ils me connaissent, ils sont informés des relations que j’entretiens avec leurs supérieurs. Le mot se passe. Ceux qui ont déjà été remis à l’ordre suite à l’une de mes interventions le font savoir à leurs camarades ». Mais d’où tire-t-elle cet « extraordinaire pouvoir » ? « Je suis parvenue, au fil des années, à développer un réseau de connaissances dans la hiérarchie militaire. Ceci me permet, aujourd’hui, d’appeler, en cas de problème, des officiers à n’importe quelle heure de la journée et de la nuit ». Elle illustrera tout cela par une anecdote.
« Un jour, en fin d’après-midi, un Palestinien, qui rentrait chez lui en voiture avec sa famille, se voit empêcher, par un soldat, de passer le check point qui barre l’entrée de la ville où il habite. Aucune raison ne lui est donnée. Avertie, une membre de Machsom Watch appelle la Hotline de l’armée. On la rappelle quelques minutes plus tard pour lui dire que, d’après les renseignements recueillis auprès du soldat en place au check point, il n’y a pas de Palestinien qui cherche à passer. Elle rappelle le Palestinien qui lui assure qu’il ne lui ment pas. Elle décide alors d’aller sur place…pour constater que la famille palestinienne est effectivement toujours bloquée. Alors que la nuit est tombée depuis plusieurs heures, elle recompose le numéro de la Hotline : même discours. Il est minuit passé quand je suis mise au courant. Sans hésiter, je téléphone au commandant de l’unité en charge de la région où se situe le check point. Je le réveille. Quelques minutes plus tard, le Palestinien et sa famille ont pu rentrer chez eux ».
Mais comment a-t-elle réussi à développer un tel réseau de connaissances ? « Cela a pris du temps. Je me suis toujours comportée correctement avec les soldats. Je ne joue jamais le jeu de la provocation, je ne rentre jamais dans un conflit avec eux. Je leur dis que je peux comprendre certains des impératifs auxquels ils font face et je ne leur fais pas connaître le fond de ma pensée. Je leur laisse une chance de ne pas grimper au rideau immédiatement (stay on earth and not climb on a tree) ». En parlant des soldats, elle dira : « Du moment que l’on ne peut pas les combattre, il faut s’allier à eux (if you can’t fight them, join them) ».
«Nous faisons toutes face à un conflit de conscience terrible»
« En coopérant avec l’armée, on ne met pas fin (finish) à l’occupation, on la rend juste un peu plus acceptable (better). On aide même à la rendre permanente. Mais je n’ai pas encore trouvé de meilleur moyen d’aider les gens qui en souffrent. Nous faisons de l’humanitaire ; il faudrait être une organisation à des fins politiques uniquement si l’on ne voulait pas se fourvoyer. (...) Comme vous pouvez le constater, nos objectifs politiques sont bien loin d’être atteints. J’en fais des nuits blanches. En fait, nous faisons toutes face à un conflit de conscience terrible. Il y a beaucoup de frustration d'où des disputes très fréquentes entre nous. Même si cela s’est amélioré au fil des années, nous ne faisons que de nous prendre de bec. Certaines ont d’ailleurs quitté le navire à cause de cela ».
«Tous les Arabes veulent nous tuer»
« Les Israéliens ont tous droit un lavage de cerveau. Il y a quelques jours, ma petite-fille de quatre ans était à côté de moi lorsque j’ai reçu un appel d’un Palestinien. « Qui sont ces gens qui te téléphonent. C’est des amis à toi ? », m’a-t-elle demandé. « Pas vraiment. C’est des connaissances ». « Mais pourquoi tu leur parles alors ? » « Parce ils ont parfois besoin d’aide ». « Ca doit être des Arabes. Fais attention grand-maman car tous les Arabes veulent nous tuer ». Je me suis directement rendue à son jardin d’enfants et j’ai demandé à la maîtresse si c’était elle qui lui avait appris ce genre de choses. Elle m’a dit que non. Je me suis rendu compte que c’était ce que les enfants retenaient des différentes fêtes religieuses. On ne leur parle que de persécution du peuple juif. Ils passent par un processus de victimisation ».
«J'ai quatre frères fascistes»
«Plusieurs de mes amis ont coupé les ponts avec moi depuis 2001. Mais j’en ai trouvé d’autres. Même si l’on est souvent en train de se disputer, une grande solidarité s’est développée entre les membres de l’organisation. Du côté de ma famille, la situation n’est pas facile. J’ai quatre frères fascistes que j’aime mais avec qui je ne peux pas parler de mon quotidien de militante. Lors des réunions de famille, je n’aborde pour ainsi dire jamais les problématiques qui m’occupent le reste de la semaine. Aucun de mes frères ne m’a appelée après ce qui m’est arrivé à Hébron (ndlr. la veille de l’entretien, Hanna Barag et le groupe qu’elle guidait ont été pris à partie par des colons et ont dû, sur ordre de police, rebrousser chemin. Un événement dont ont parlé les principales chaînes radiophoniques). Aucun de mes frères n’a pris de mes nouvelles. C’est moi qui ai appelé l’un d’entre eux qui ne s’est même pas réjoui du fait qu’il ne m’était rien arrivé. Il m’a dit que je lui faisais honte».
lundi 14 juillet 2008
Moyline et le miracle de l'ordi
Hébron, son climat pesant, sa tension. Moyline rumine tout cela sur Suhahda street, rue interdite aux Palestiniens
« Dans la file d'attente, une première femme me pose poliment des questions, tout en examinant mon passeport.
- Quelle est la raison de votre séjour en Israël ? - Tourisme.
- Avez-vous rendu visite à quelqu’un ? - Non.
- Vous voyagez donc seule ? - Oui.
- Quelles villes avez-vous visitées ? - Tel-Aviv, Jaffa, Jerusalem.
- Quelle est votre destination ? - Genève.
- Est-ce que vous avez fait vous-même vos bagages ? - Oui.
La femme colle ensuite des étiquettes sur mon passeport et mes bagages. Sur ces étiquettes figurent un numéro : le 5, qui indique le niveau de dangerosité du voyageur. Jean-Marie m’avait prévenue qu’il ne fallait pas être déstabilisée par le ton désagréable que peuvent avoir les agents de sécurité pour s’adresser aux voyageurs. Comme ce n’a pas été le cas avec cette dame, je passe au deuxième poste de contrôle, soulagée.
Je dépose alors ma valise, mon sac à main et l’ordinateur portable sur le tapis roulant de la machine à rayons X. Je récupère mes affaires et me dirige vers d’autres agents de sécurité postés derrière une table. Deux femmes me questionnent à nouveau. Mêmes questions que la première fois, sur un ton nettement moins amical. Une troisième femme reprend le portable pour le contrôler une seconde fois. Je lui dis que cela a déjà été fait et que, de toute façon, il ne fonctionnait pas. Et c’est là que les choses ont mal tourné. S’ensuit un long interrogatoire. Des questions fusent de part et d’autre des agents que j’ai en face de moi (4-5 personnes en tout). Les mêmes questions qu’au départ, puis d’autres, plus ou moins pertinentes, le but étant de me déstabiliser au cas où j’avais quelque chose à cacher.
- Depuis quand votre ordinateur ne fonctionne-t-il plus ? Est-ce qu’il vous appartient ? Connaissez-vous bien votre ami ? Comment s’appelle-t-il ?
(En tombant sur un livre intitulé « Israël, Palestine. Vérités sur un conflit ») - De quoi parle ce bouquin ? Pourquoi ça vous intéresse ? Vous parlez l’arabe ? L’hébreu ?
- Quelles villes avez-vous visitées ? Quels sites touristiques avez-vous vus ?
- Avez-vous rendu visite à quelqu’un ? Pourquoi êtes-vous venue en Israël maintenant, et pas une année avant ou après ?
- Où avez-vous logé ? Le nom de l’hôtel ? Quel bus preniez-vous pour aller à l’hôtel ? Comment l’avez-vous trouvé ? Vous avez un guide ? Sortez-le. Montrez-moi où se trouve l’adresse de l’hôtel en question.
Une autre personne fouille ma valise, sort tous les objets, en remet une partie à l’intérieur et m'ordonne « Remettez le reste de vos affaires dans la valise ». Elle me pose aussi des questions. Verdict: tant que l’ordinateur ne fonctionne pas, je ne pourrai pas le ramener en Suisse. Ils vont donc le garder 24 heures. Je devrai aller le déclarer au Service litige bagages de Genève pour le récupérer le lendemain. Exaspérée, je fusille l’agent des yeux. Elle me répond « C’est une démarche normale ici. C’est pour la sécurité. »
Une heure après être entrée dans l’aéroport, je peux enfin aller à l’enregistrement. Une des agents m’accompagne. Elle me dit qu’elle va me suivre jusqu’au contrôle des passeports, ainsi je pourrai éviter le dernier contrôle de sécurité. Je lui dis que je ne souhaite pas y aller tout de suite, qu’un ami m’attend dehors. Je n’ai pas le choix: je dois dire au revoir à cet ami maintenant. Je pose ma valise, me dirige vers la sortie quand je l’entends me dire « Attendez, je viens avec vous ». Suivie de près par cet agent, tendue et au bord des larmes, je rejoins Jean-Marie. Nos adieux se résumeront à une étreinte courte et amicale sous l’œil bienveillant de notre agent, postée à un mètre de nous et à l’écoute de nos paroles.
Quatre jours plus tard, la poste me livre l’ordinateur. Miracle, il fonctionne parfaitement. Un grand merci aux autorités israéliennes. »
Sortir du pays n’a pas été chose aisée pour Moyline
Sachez que ce qui est arrivé à Moyline n’a rien d’exceptionnel. D’après les différents témoignages que j’ai entendus, elle s’en est même bien sortie. Certains n’ont jamais revu leur ordinateur.
Reste à savoir à quelle sauce et pendant combien de temps je vais me faire cuisiner dans deux semaines. Une chose est sûre : ça sent méchamment le roussi.
lundi 7 juillet 2008
Croiser le fer avec des étudiants
Tout avait été parfaitement prévu. Guidés par deux étudiants en droit, nous avons commencé par faire la visite de l'Alma Mater. Gentil, joli. Démarrage en douceur ponctué par un petit rafraîchissement. Nous nous sommes ensuite assis par groupe de six et avons appris à nous connaître un peu mieux. Seule contrainte : ne pas parler de « politique ». Sympa. Nous avons notamment découvert qu’en Israël, cela fricotte sérieux sous les drapeaux. De nombreux couples naissent au cours du service militaire. Pour la petite histoire, les hommes ont trois ans de service obligatoire, les femmes deux.
Après ces 45 minutes premières minutes d’échauffement, nous avons mis le bleu de travail, remonté nos manches et sommes partis à la mine…c’est-à-dire, échanger nos points de vue sur la situation de la région. Nettement moins sympa mais très intéressant. Et fort difficile à résumer.
L’un des éléments qui m’a le plus marqué est le climat de peur dans lequel semble vivre les Israéliens. Une peur parfois irrationnelle, une peur souvent instrumentalisée mais une peur toujours réelle. Lotim, étudiante en droit adorant l’équitation, nous a confié que, même si cela allait de mieux en mieux, prendre le bus restait une épreuve pour elle. Il n’y a encore pas si longtemps de cela, elle descendait du bus sitôt qu’elle entendait quelqu’un parler avec « un accent bizarre ». Elle ne compte plus les rendez-vous et les cours auxquels elle est arrivée en retard. Oded, étudiant en philo et ancien démineur à l’armée, nous a, lui, expliqué la règle des ambulances : « Si tu en entends une, c’est un simple accident de la route. Si tu en entends deux, c’est un accident de la route plus important. Si tu en entends trois, c’est un bon carambolage. Et si tu en entends quatre, il faut te faire du souci pour tes proches, car c’est un attentat ».
31 juillet 2002, attentat à l'Université hébraïque: neuf morts, près d’une centaine de blessés. La vie continue, mais pas vraiment comme avant. D'où l'arbre qui pousse en diagonale.
La peur des attentats donc. Mais aussi la peur de voir leur pays imploser. Pour Oded, les divisions internes pourraient mener l’Etat hébreu à sa perte. Le « désengagement » de Gaza a créé de très importantes tensions au sein de la population israélienne, des tensions que nos interlocuteurs n’aimeraient pas devoir affronter à nouveau. « Evacuer les colons de Cisjordanie, c’est provoquer une guerre civile », a affirmé l’étudiant en philo. Tout comme la sécurité, l’unité (parfaite) de la nation nous a semblé être un absolu qui justifie tous les agissements.
D’autant plus facile à justifier et à appuyer que leurs conséquences sont méconnues d’une grande partie des citoyens israéliens et des étudiants avec qui nous avons croisé le fer. Ces derniers ne connaissent que très mal la réalité de l’occupation. Ils sont persuadés que chaque check point est là pour les protéger d’un possible attentat. Ils sont certains que les soldats qui humilient les Palestiniens ne représentent qu’une infime minorité des effectifs de Tsahal. « Il y a des moutons noirs partout », nous a-t-on dit. Ils sont convaincus que chaque maison que l’armée détruit était habitée par un terroriste. Des certitudes bien loin de la réalité du terrain.
Dans ces conditions, il a été très difficile de se lancer dans la recherche de solutions, dans des pseudo négociations de paix. Sans surprise, le droit international n’était pas, pour la majorité de ces étudiants, une base sur laquelle il vaut la peine d’engager les débats. Ils le considèrent bien plus comme une grande farce, voire comme un instrument de lutte contre Israël.
Cette intense discussion officiellement terminée, nous sommes allés manger. Souper facultatif pour les étudiants ; ils sont pour ainsi dire tous venus. Pas si bornés que cela. Bilan partiel de la rencontre :
- La porte n’est pas complètement fermée mais faut être sacrément costaud pour l’ouvrir.
- Je ne serai jamais un diplomate.
- J’ai eu envie de mettre mon poing sur le nez d’Oded.
- Oded va passer quelques mois à Lyon ; je vais peut-être aller skier avec lui.
samedi 28 juin 2008
Expulsions en série
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Début du 18e siècle, des Palestiniens qui ne roulent pas sur l'or quittent leur village natal, s’achètent du terrain dans les collines au sud d’Hébron et s´y installent. Habitant dans des caves naturelles, vivant de la culture d’un sol pauvre et de l’entretien de leur bétail, ces familles développent au fil des générations un mode de vie unique (et dont l’étude fait le bonheur des anthropologues). Ainsi, pendant plus d’une centaine d’années, la vie des habitants de Susiya a tout d'un long fleuve tranquille (au vu l’aridité des terres, il serait plus judicieux de parler d’un ruisselet).
Tout bascule en 1983, lorsque des colons israéliens viennent s’installer dans le coin, plus précisément à deux kilomètres d’un site archéologique où a notamment été découvert une ancienne synagogue. En 1986, les nouveaux arrivants voient leur vœu exaucé : les familles palestiniennes dont ils sont devenus les voisins sont expulsées. Mais la plupart d’entre elles reviennent s’installer à 500 mètres de la colonie. Bien trop près pour les colons juifs ; une nuit de 1990, les Palestiniens sont contraints, par des soldats de Tsahal, de monter dans des camions et sont déchargés 15 kilomètres plus loin.
Les familles se retrouvent ventilées un peu partout mais certaines d’entre elles trouvent les moyens de revenir à Susiya et de se remettre au travail. Pendant ce temps, les colons grignotent et confisquent du terrain. Ils se montrent de plus en plus violents. La tension monte. En 1991, trois Palestiniens sont assassinés. En 1997, les familles sont expulsées pour la troisième fois. En 2001, c’est un colon qui est tué. Les habitants de Susiya qui rejettent toute responsabilité dans cette affaire et dont la culpabilité n’a jamais pu être prouvée, sont agressés, des oliviers sont abattus, une partie de leur bétail disparaît, leurs caves sont détruites et leurs puits bouchés.
La même année, la Haute Cour de justice israélienne juge l’expulsion des Palestiniens illégale et les autorise à revenir sur leurs terres. Mais les soldats ne l’entendent pas de cette oreille et les empêchent de se réinstaller. Certains y parviennent tout de même mais sont immédiatement chassés. Expulsion numéro 4.
N'ayant pas accès au réseau électrique auquel est relié la colonie voisine, la famille Nawajah peut compter depuis peu sur des panneaux solaires et une éolienne installés par une organisation israélienne.
Comme annoncé, article touffu. Beaucoup de faits présentés, et pourtant, je m’en suis tenu qu'aux plus importants. La confiscation des ressources hydrauliques, le blocage des accès routiers, le harcèlement des soldats,…ce sera pour une autre fois.